Ce troisième tome des "Leçons morales tirées du livre de Job" ouvre une nouvelle phase de la méditation biblique de saint Grégoire. Il y prend de la hauteur, puisqu'il médite ici davantage sur le sort éternel des sauvés ou de ceux qu'il appelle les « réprouvés », jusqu'à nous décrire la « logique » qui prévaut en Enfer, où la fin est sans fin, où l'on expérimente continuellement une « mort sans mort, une disparition sans disparition ».
Mais l'intérêt des Livres VII à IX est aussi de traduire en termes d'intériorité tout l'enjeu de notre salut, où l'intérieur représente l'être même de Dieu auquel il a donné part à l'homme, dès sa création. Passé de l'intérieur à l'extérieur, par son consentement au péché, l'homme a perdu la lumière intérieure dont il jouissait. Il a surtout cessé de s'habiter lui-même, de connaître son authentique identité de fils de Dieu.
Et c'est le deuxième volet de ce volume qui décrit en termes saisissants la condition humaine dans ses multiples contradictions, ses limites, sa finitude qui explique aussi toute la difficulté d'une conversion authentique de notre coeur, toujours entaché d'amour propre. Si bien que le juste met sa force non dans la réussite en ce monde, mais préfère se réjouir des épreuves qui lui sont imposées et même des tentations qui contribuent à le purifier ; en un mot, mieux vaut l'«adversitas», qu'une vie où tout semble vous sourire.
On le voit, il ne s'agit jamais de « comprendre » le mystère du mal, comme si l'on pouvait le saisir intellectuellement et en rendre compte par des mots. Il s'agit beaucoup plus, avec Job, d'y consentir, d'y entrer dans une attitude de foi, mais librement, activement, oserait-on dire « amoureusement », comme on rejoint le Christ en son mystère pascal.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Grégoire Ier dit Grégoire le Grand est le 64e pape de l'Église. Né vers 540, il est élu pape en 590 et meurt le 12 mars 604. Il est l'auteur d'oeuvres patristiques majeures qui ont marqué et marquent toujours l'histoire de l'Église.
Docteur de l'Église catholique, il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident avec Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone et Jérôme de Stridon. Son influence durant le Moyen Âge fut considérable.
C'est en son honneur que, deux siècles après sa mort, le chant élaboré dans les abbayes du diocèse de Metz est appelé « chant grégorien », sans que l'on sache avec certitude son rôle dans l'évolution et la diffusion du chant liturgique.
Depuis le concile Vatican II, l'Église catholique le célèbre le 3 septembre ; l'Église orthodoxe l'a toujours fêté le 12 mars.