La route de Varennes! Que d'historiens l'ont suivie pour s'égarer dans le dédale des mémoires écrits longtemps après l'événement ou pour interpréter des faits non établis. Mais si l'on consulte les documents (ils existent!), on apprend quel est le prix habituel d'une berline de voyage, quelle distance sépare les relais de poste, combien de temps une voiture quelconque met à la parcourir, quel délai est nécessaire pour changer de chevaux, à quelle heure le Roi est passé en tel point de la route... Et si l'on examine les mémoires des officiers responsables de la route du Roi, le général Bouillé et son fils aîné, Choiseul et Coguelat - c'est bien le moins qu'ils s'excusent de l'échec, en accusant le Roi - on va de surprise en surprise: leur correspondance de l'époque trahit leurs mémoires, et dans ces mémoires, ils s'accusent involontairement en croyant se défendre. Au cours de cette extraordinaire enquête, on obtient des aveux, même de témoins morts depuis des siècles! De l'après Varennes, les historiens ont peu parlé, sinon pour dire que la famille royale avait été emprisonnée, mais que Barnave, touché par la beauté de la Reine, avait réussi à sauver momentanément la monarchie, malgré le peuple soulevé par la " trahison " du Roi. C'est justement en ce qui concerne l'après Varennes que la surprise est la plus complète. Une surprise enfermée dans les archives de l'Assemblée, comme dans le compte-rendu des séances. Des adresses sauvées de la destruction systématique, des aveux échappés aux députés eux-mêmes, non pas dans leurs discours arrangés et réfléchis, mais dans leurs interventions spontanées. Et c'est la révélation: tout était prêt pour abolir la monarchie, pour juger le Roi et pour le condamner au retour de Varennes. Paul et Pierrette Girault de Coursac disent pourquoi les députés ont renoncé à ce projet. Et l'on trouvera dans ces pages, à la suite de trente ans de recherches, tout ce que les Français auraient voulu savoir sur la route la plus fréquentée et la plus mal connue de l'histoire de France: la route de Varennes. Cette troisième édition est augmentée de la Déclaration du Roi à tous les Français à sa sortie de Paris dans sa version intégrale. En effet, ce texte capital où le Roi expose ses motifs de départ à Montmédy (et non de fuite!) n'est jamais cité exactement ni complètement. Les auteurs ont pu l'établir et le reproduire à partir de la minute (écrit original) de la main même du Roi, qui subsiste seule aux Archives nationales.