Le langage chrétien fait souvent appel au vocabulaire de la grâce. On dit s'en remettre « à la grâce de Dieu » comme à sa providence. On dit aussi que « Dieu fait grâce », qu'il remet les péchés « par grâce », que l'homme vit « au gré de sa grâce ».
Cependant, la grâce est un terme qui fait partie de ces vocables, comme l'âme ou la providence, qui sont devenus obscurs ou étranges à beaucoup. Pourtant ce terme est irremplaçable ; la théologie, pour ne pas dire la foi, ne peut se formuler sans lui. C'est que l'homme, en effet, selon la révélation biblique, est appelé, par une faveur divine gratuite qui est la grâce, à une destinée supérieure, que l'on qualifiera de surnaturelle. On mesure que cette manière de parler de grâce, de surnaturel, de faveur, de gratuité et de révélation recouvre une doctrine très riche, que ces quinze études ne prétendent pas épuiser, mais tentent de mettre en lumière.
De longueurs inégales, ces quinze leçons cherchent à circonscrire l'étendue et la portée du mot grâce dans la tradition catholique. Il recèle probablement le secret le plus intime du christianisme.
Professeur de théologie et directeur de la Revue thomiste, le frère Philippe-Marie Margelidon, o.p., dirige le studium de théologie des dominicains de la province de Toulouse.