Un parcours initiatique partagé entre échappées absurdes, coups de gueule ciselés et purs moments de poésie.C'est l'histoire d'un collectionneur de conversations, l'aventure d'un homme qui change d'identité comme de chemise, le récit d'une errance contrariée, un cri d'amour à Beyrouth, Bruxelles ou Berlin; c'est aussi une valse imaginaire, un manuel d'architecture instantanée, un hymne aux vins lourds et à l'éthylisme léger et les interventions canailles d'une conscience malveillante. On y croisera un cendrier parlant, un douanier peu honnête, quelques jolies filles, un artiste anxieux, une grammaire en ancien gallois, des bouteilles de Chimay bleue et peut-être Joe Dassin.Un roman dense et à la poésie vagabonde qui donne des envies de départs.EXTRAITJe m'appelais encore Yvo Stenic. J'avais les sourcils teints en blond et j'arpentais les cathédrales avec un sombre dégoût au cour. Assis, seul dans les travées, loin des âmes en prière qui, je ne sais pourquoi, m'empêchaient de profiter pleinement de moi, je n'arrivais pas même à oublier l'orgueil des dorures. Sans doute est-il facile d'affirmer que la sueur du tailleur de pierres vaut mieux que la salive du prêtre, mais l'histoire est entêtée et elle raconte sur les marchés et les parvis que les plus beaux édifices n'ont été bâtis que pour asservir ceux qui les érigent. Ma révolte était douce sous la pierre. La seule idée du méchant cagnard qui m'attendait dehors m'incitait à ne point insulter trop haut les voûtes sous lesquelles je m'attardais. Je ne trouvais, au fond, dans les lieux de culte qu'un curieux mélange de mépris et d'admiration, cocktail tendre et amer de mon rapport aux hommes. Parler me semblait alors vain, tous les mots du monde étaient dits, redits, et je ne me sentais pas le courage d'adresser une prière sans piété.
144674061