N'est-il pas temps pour de découvrir Florian le plus grand fabuliste après la Fontaine ? Auteur de contes, de nouvelles, de pièces de théâtre, de chansons (il a ainsi écrit les paroles de « plaisirs d'amour »), Jean-Pierre Claris de Florian a consacré son existence à l'écriture de plusieurs recueils de fables, pleine d'humour et d'esprit. Conscient de la difficulté de se hisser au niveau du génial auteur du corbeau et du renard, il y consacra toute sa vie, travaillant ses textes avec constance, acharnement et ne les publiant qu'en 1792, quelques années avant sa mort. Issu d'une famille noble et destiné à la carrière des armes, il naît au château de Florian, dans le Gard. Son oncle ayant épousé la nièce de Voltaire, il va vivre à dix ans à Ferney, chez son grand-oncle par alliance, « par ricochet », comme le répète le célèbre écrivain, séduit par la vivacité du jeune homme, par sa gaieté, ses réparties. Protégé par le Duc de Penthièvre qui resta toute sa vie son ami et protecteur, il se consacre entièrement à l'écriture et est élu membre de l'Académie française en 1788. Malheureusement, la révolution, le contraint à quitter Paris et à se réfugier à Sceaux. Là, malgré son engagement pour la République, la terreur et ses origines nobles se retournent contre lui et le mènent en prison. Malgré l'intervention de ses amis, il reste écroué, d'autant qu'on lui reproche d'avoir dédié une épopée à la Reine Marie-Antoinette, en 1788. La chute de Robespierre le 9 Thermidor lui rend la liberté, mais les souffrances de la détention l'ont profondément affecté physiquement et moralement : il meurt le 12 septembre 1794 à seulement 39 ans. Malgré ses succès au théâtre, ce sont ses fables qui lui assurèrent succès et postérité. Il y révèle toute sa sensibilité, son imagination, son ironie. Comme beaucoup de ses pairs, La Fontaine le premier, il s'inspire de sujets traités par d'illustres prédécesseurs: « J'ai lu beaucoup de fabulistes, et lorsque j'ai trouvé des sujets qui me convenaient, qui n'avaient pas été traités par La Fontaine, je ne me suis fait aucun scrupule de m'en emparer. J'en dois quelques-uns à Ésope, à Bidpaï (ou Pilpay), à Gay, aux fabulistes allemands, beaucoup plus à un Espagnol nommé Yriarte, poète dont je fais le plus grand cas et qui m'a fourni mes apologues les plus heureux ». Il est surprenant que ses fables aient quasiment disparues de nos livres scolaires : Combien de fois n'entendons-nous pas leurs morales ? « Rira bien qui rira le dernier » ; « À chacun son métier, les vaches seront bien gardées » ; « Pour vivre heureux vivons caché ». Comble de l'ironie, elles sont souvent attribuées à la Fontaine.